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Notícias Anne Bouillon : « En défendant les femmes, j’ai découvert un continent de souffrances »

Roter.Teufel

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Anne Bouillon : « En défendant les femmes, j’ai découvert un continent de souffrances »

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Entretien« Je ne serais pas arrivée là si… » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. L’avocate féministe a été marquée par les femmes de sa famille qui ont su transcender leur condition et leurs malheurs pour avancer.

Installée à Nantes, Anne Bouillon, 52 ans, est une avocate engagée pour la cause des femmes victimes de violences conjugales et d’agressions sexuelles. Fille de profs, petite-nièce de Joséphine Baker et d’une lignée de femmes fortes, elle publie Affaires de femmes. Une vie à plaider pour elles (L’Iconoclaste, 294 pages, 21,90 euros), où elle raconte combien défendre leur cause est devenu le combat de sa vie.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si je n’avais pas appris à négocier les tournants de mon existence, à rebondir sur les impondérables, à transformer les moments douloureux en aubaines. C’est quelque chose qui m’a explicitement été enseigné par mes parents, notamment à l’adolescence, alors que j’étais malade, larmoyante, révoltée contre le monde entier. « Tu as le droit d’être en colère, disaient-ils. Mais tu as le devoir de ne pas t’arrêter là. De ce qui t’arrive, tu feras une force. »

Eh bien, ça booste. Ça propulse. Je me suis ainsi construite avec l’idée que : OK, c’est comme ça, et ce n’est pas si grave, à moi d’en faire quelque chose d’intéressant. Je me rends compte que les femmes tutélaires qui m’ont entourée ont en commun d’avoir su transcender leur condition.

Présentez-les nous !

Ma mère, d’abord, issue d’un milieu très modeste, orpheline de père, et embauchée à 14 ans comme petite dactylo. Victime de harcèlement sexuel au travail, elle a avorté, encore mineure, dans la clandestinité. Puis elle a passé son bac en candidate libre, enchaîné les diplômes et est devenue prof de lycée, à la force du poignet, décidée à ne dépendre ni d’un mari ni d’un patron.

Sarah, ma grand-mère maternelle, extrêmement importante dans mon existence, dont les parents et les deux petites sœurs ont été exterminés à Auschwitz, dont le mari est mort très jeune de la tuberculose, a travaillé comme ouvrière chez Citroën, payée aux pièces, en élevant seule ses deux enfants. Jeanne, ma grand-mère paternelle, Italienne du Piémont, née dans une misère crasse, a été sauvée par son talent de violoncelliste qui l’a fait entrer à l’Orchestre national de France, où elle a rencontré mon grand-père. Et puis Joséphine Baker, ma grand-tante, dont l’énergie et le parcours d’émancipation m’ont toujours fascinée.

Vous voyez ? Je ne serais pas arrivée là si je n’avais pas compris, comme toutes ces femmes, qu’on pouvait accepter les coups du sort pour en faire une force et avancer.
Je remarque que vous ne citez que des femmes…

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