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- Out 5, 2021
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Incendie de la rue Erlanger : le procès s’ouvre ce lundi à Paris
Dix personnes sont mortes en 2019 dans l’incendie provoqué par une habitante souffrant de troubles psychiatriques, dont la responsabilité pénale risque de faire débat à l’audience.
Minuit et demi passé, le 5 février 2019, le 17 bis, rue Erlanger brûle. Les pompiers parisiens, prévenus à 0 h 36 et arrivés à 0 h 45 au pied de cet immeuble de huit étages situé dans le 16e arrondissement, découvrent l’ampleur de la tâche qui les attend : le bâtiment en flammes ne donne pas sur la rue mais se trouve en fond de cour. Celle-ci n’est accessible depuis la rue que par un couloir très étroit. Les opérations de sauvetage seront terriblement compliquées.
L’incendie s’est déclaré au 2e étage. Les câbles électriques dans les faux plafonds des parties communes ont accéléré sa propagation. La cage d’ascenseur s’est transformée en une gigantesque cheminée par laquelle les flammes n’ont mis que quelques secondes à atteindre le dernier étage de cet immeuble défraîchi des années 1970, dans lequel une expertise ne relèvera « aucune non-conformité avec les normes en vigueur ».
Les résidents des étages inférieurs et les plus réactifs des étages supérieurs ont le temps de dévaler les escaliers. Les autres sont pris au piège, calfeutrés dans leur salle de bains avec un linge mouillé sur le nez et la bouche, en équilibre au-dessus du vide sur une corniche large de quelques centimètres ou encore sur le toit, le plus loin possible du brasier, en espérant que les pompiers soient plus rapides que les flammes.
Impossible de faire venir la grande échelle dans cette cour. Celles que les pompiers peuvent utiliser ne permettent d’accéder qu’au 4e étage. Pour aller plus haut, il faut faire avec les antiques et périlleuses échelles à crochets. Beaucoup, parmi les quelque 300 pompiers mobilisés cette nuit-là – huit seront blessés –, vont vivre l’intervention la plus marquante de leur carrière. Six heures, soixante sauvetages.
Propos incohérents
Dans un geste désespéré, certains habitants ont noué plusieurs draps pour pouvoir, en dernier recours, descendre par eux-mêmes. Une femme qui tente de fuir ainsi son appartement laisse échapper sa corde de fortune et fait une chute fatale. Deux autres personnes mourront sur le sol de la cour, défenestrées. Les cadavres calcinés de sept autres victimes seront retrouvés aux 5e, 6e, 7e et 8e étages. Dix morts âgés de 16 à 92 ans.
La femme qui a mis le feu à l’immeuble se nomme Essia Boularès. Elle est alors âgée de 40 ans et sera interpellée en état d’ivresse dans une rue voisine peu de temps après l’arrivée des pompiers, alors qu’elle essayait manifestement de mettre le feu à un véhicule.
Une heure avant l’incendie, un différend l’avait opposée à son voisin de palier, un jeune pompier, et à la compagne de celui-ci. Le couple s’était plaint du volume de la musique, le ton était monté, les uns avaient tambouriné contre le mur mitoyen, l’autre avait jeté de la vaisselle sur leurs volets à travers la cour en hurlant des insultes et des menaces. Le couple avait appelé la police, mais les trois agents de la brigade anticriminalité étaient repartis après être tombés sur une femme qui, certes, tenait des propos incohérents, mais ne leur avait pas semblé dangereuse.
Le Monde

Dix personnes sont mortes en 2019 dans l’incendie provoqué par une habitante souffrant de troubles psychiatriques, dont la responsabilité pénale risque de faire débat à l’audience.
Minuit et demi passé, le 5 février 2019, le 17 bis, rue Erlanger brûle. Les pompiers parisiens, prévenus à 0 h 36 et arrivés à 0 h 45 au pied de cet immeuble de huit étages situé dans le 16e arrondissement, découvrent l’ampleur de la tâche qui les attend : le bâtiment en flammes ne donne pas sur la rue mais se trouve en fond de cour. Celle-ci n’est accessible depuis la rue que par un couloir très étroit. Les opérations de sauvetage seront terriblement compliquées.
L’incendie s’est déclaré au 2e étage. Les câbles électriques dans les faux plafonds des parties communes ont accéléré sa propagation. La cage d’ascenseur s’est transformée en une gigantesque cheminée par laquelle les flammes n’ont mis que quelques secondes à atteindre le dernier étage de cet immeuble défraîchi des années 1970, dans lequel une expertise ne relèvera « aucune non-conformité avec les normes en vigueur ».
Les résidents des étages inférieurs et les plus réactifs des étages supérieurs ont le temps de dévaler les escaliers. Les autres sont pris au piège, calfeutrés dans leur salle de bains avec un linge mouillé sur le nez et la bouche, en équilibre au-dessus du vide sur une corniche large de quelques centimètres ou encore sur le toit, le plus loin possible du brasier, en espérant que les pompiers soient plus rapides que les flammes.
Impossible de faire venir la grande échelle dans cette cour. Celles que les pompiers peuvent utiliser ne permettent d’accéder qu’au 4e étage. Pour aller plus haut, il faut faire avec les antiques et périlleuses échelles à crochets. Beaucoup, parmi les quelque 300 pompiers mobilisés cette nuit-là – huit seront blessés –, vont vivre l’intervention la plus marquante de leur carrière. Six heures, soixante sauvetages.
Propos incohérents
Dans un geste désespéré, certains habitants ont noué plusieurs draps pour pouvoir, en dernier recours, descendre par eux-mêmes. Une femme qui tente de fuir ainsi son appartement laisse échapper sa corde de fortune et fait une chute fatale. Deux autres personnes mourront sur le sol de la cour, défenestrées. Les cadavres calcinés de sept autres victimes seront retrouvés aux 5e, 6e, 7e et 8e étages. Dix morts âgés de 16 à 92 ans.
La femme qui a mis le feu à l’immeuble se nomme Essia Boularès. Elle est alors âgée de 40 ans et sera interpellée en état d’ivresse dans une rue voisine peu de temps après l’arrivée des pompiers, alors qu’elle essayait manifestement de mettre le feu à un véhicule.
Une heure avant l’incendie, un différend l’avait opposée à son voisin de palier, un jeune pompier, et à la compagne de celui-ci. Le couple s’était plaint du volume de la musique, le ton était monté, les uns avaient tambouriné contre le mur mitoyen, l’autre avait jeté de la vaisselle sur leurs volets à travers la cour en hurlant des insultes et des menaces. Le couple avait appelé la police, mais les trois agents de la brigade anticriminalité étaient repartis après être tombés sur une femme qui, certes, tenait des propos incohérents, mais ne leur avait pas semblé dangereuse.
Le Monde