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- Out 5, 2021
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Les municipalités, garantes de la protection des enfants
Alors que les « temps de l’enfant » viennent de faire l’objet d’une convention citoyenne, il est temps de considérer l’animation des temps périscolaires comme un véritable métier, de former, recruter et traiter ses agents comme des professionnels de l’enfance.
Depuis l’émergence du mouvement MeToo en 2017, le sinistre continent des violences sexuelles n’en finit pas d’émerger. Après les milieux artistiques et les lieux de travail, le couple, la famille et l’Eglise, l’école et les institutions chargées d’enfants se trouvent depuis déjà quelque temps concernées par cette libération de la parole qui fait apparaître l’ampleur d’un phénomène longtemps recouvert d’une chape de silence.
La multiplication des signalements et plaintes pour maltraitance et agressions sexuelles émanant de parents, mettant en cause des animateurs chargés des activités périscolaires par la Ville de Paris et d’autres municipalités, est la dernière en date des manifestations de cette mise au jour. Sur les 160 000 enfants victimes chaque année de violences sexuelles, 81 % le sont au sein de leur famille, tandis que 11 % subissent ces mauvais traitements à l’école ou dans des lieux de loisirs, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
Si l’ampleur de ces graves dysfonctionnements reste à préciser, les raisons pour lesquelles ils peuvent se concentrer sur cette partie du temps des enfants (cantine, goûter, ateliers d’après classe, etc.) laissent peu de doute. Gérées par les municipalités, les activités périscolaires sont assurées par des agents recrutés et rémunérés par celles-ci dans des conditions où l’intérêt de l’enfant n’est pas central. Ces emplois en pointillé – quelques heures certains jours de la semaine – sont souvent occupés par des vacataires mal rémunérés, peu ou pas formés.
Même la condition, pourtant peu exigeante, d’un taux minimal de 20 % de personnes titulaires du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) n’est pas toujours respectée. Quant au recrutement et à la gestion de ce personnel par les services municipaux, ils souffrent d’un turn-over très élevé et échappent totalement aux directrices et directeurs d’école. D’où l’incompréhension et l’insupportable sentiment d’opacité ressentis par les parents.
Connaître les signaux faibles
La Ville de Paris, dont les 15 000 animateurs prennent en charge quelque 110 000 enfants, est particulièrement exposée par son poids démographique et la diversité des activités proposées. Des parents dénoncent l’inertie de ses services dans le signalement des comportements délictueux et un grave défaut de communication. Ils citent au surplus un rapport de l’inspection générale de la Ville de Paris de 2015 qui pointait déjà des dysfonctionnements. A trois mois des élections municipales, les oppositions ne se privent pas de s’emparer d’un sujet ultrasensible.
La loupe que constitue la capitale met en évidence une situation inquiétante sur le plan national : les activités périscolaires proposées dans de très nombreuses communes sont gérées dans des conditions qui ne permettent pas toujours de garantir la protection due aux enfants. Alors que les « temps de l’enfant » viennent de faire l’objet d’une convention citoyenne et sont hissés au rang de priorité nationale, il est temps de considérer l’animation des temps périscolaires comme un véritable métier, de former, recruter et traiter ses agents comme des professionnels de l’enfance.
Savoir se comporter et respecter les enfants en toutes circonstances, connaître les signaux faibles des maltraitances et les obligations légales de signalement ne sont pas des compétences optionnelles pour accéder à ces emplois. Placées en première ligne, les municipalités sont garantes de ces exigences fondamentales.
Le Monde
Alors que les « temps de l’enfant » viennent de faire l’objet d’une convention citoyenne, il est temps de considérer l’animation des temps périscolaires comme un véritable métier, de former, recruter et traiter ses agents comme des professionnels de l’enfance.
Depuis l’émergence du mouvement MeToo en 2017, le sinistre continent des violences sexuelles n’en finit pas d’émerger. Après les milieux artistiques et les lieux de travail, le couple, la famille et l’Eglise, l’école et les institutions chargées d’enfants se trouvent depuis déjà quelque temps concernées par cette libération de la parole qui fait apparaître l’ampleur d’un phénomène longtemps recouvert d’une chape de silence.
La multiplication des signalements et plaintes pour maltraitance et agressions sexuelles émanant de parents, mettant en cause des animateurs chargés des activités périscolaires par la Ville de Paris et d’autres municipalités, est la dernière en date des manifestations de cette mise au jour. Sur les 160 000 enfants victimes chaque année de violences sexuelles, 81 % le sont au sein de leur famille, tandis que 11 % subissent ces mauvais traitements à l’école ou dans des lieux de loisirs, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
Si l’ampleur de ces graves dysfonctionnements reste à préciser, les raisons pour lesquelles ils peuvent se concentrer sur cette partie du temps des enfants (cantine, goûter, ateliers d’après classe, etc.) laissent peu de doute. Gérées par les municipalités, les activités périscolaires sont assurées par des agents recrutés et rémunérés par celles-ci dans des conditions où l’intérêt de l’enfant n’est pas central. Ces emplois en pointillé – quelques heures certains jours de la semaine – sont souvent occupés par des vacataires mal rémunérés, peu ou pas formés.
Même la condition, pourtant peu exigeante, d’un taux minimal de 20 % de personnes titulaires du brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) n’est pas toujours respectée. Quant au recrutement et à la gestion de ce personnel par les services municipaux, ils souffrent d’un turn-over très élevé et échappent totalement aux directrices et directeurs d’école. D’où l’incompréhension et l’insupportable sentiment d’opacité ressentis par les parents.
Connaître les signaux faibles
La Ville de Paris, dont les 15 000 animateurs prennent en charge quelque 110 000 enfants, est particulièrement exposée par son poids démographique et la diversité des activités proposées. Des parents dénoncent l’inertie de ses services dans le signalement des comportements délictueux et un grave défaut de communication. Ils citent au surplus un rapport de l’inspection générale de la Ville de Paris de 2015 qui pointait déjà des dysfonctionnements. A trois mois des élections municipales, les oppositions ne se privent pas de s’emparer d’un sujet ultrasensible.
La loupe que constitue la capitale met en évidence une situation inquiétante sur le plan national : les activités périscolaires proposées dans de très nombreuses communes sont gérées dans des conditions qui ne permettent pas toujours de garantir la protection due aux enfants. Alors que les « temps de l’enfant » viennent de faire l’objet d’une convention citoyenne et sont hissés au rang de priorité nationale, il est temps de considérer l’animation des temps périscolaires comme un véritable métier, de former, recruter et traiter ses agents comme des professionnels de l’enfance.
Savoir se comporter et respecter les enfants en toutes circonstances, connaître les signaux faibles des maltraitances et les obligations légales de signalement ne sont pas des compétences optionnelles pour accéder à ces emplois. Placées en première ligne, les municipalités sont garantes de ces exigences fondamentales.
Le Monde
