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Ligue 1 : à l’heure des jauges pleines, la voix des speakers retrouve de l’écho

Roter.Teufel

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Ligue 1 : à l’heure des jauges pleines, la voix des speakers retrouve de l’écho

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Alors que la Ligue 1 termine mercredi la première partie de son championnat, le rôle des animateurs au micro a repris du sens depuis le retour des supporteurs en août. Mais la dégradation de la situation sanitaire fait planer la menace du retour du huis clos.


Depuis 1998, Michel Montana a tout connu avec le club du Paris-Saint-Germain : les adieux de la légende brésilienne Rai, en 1998, ou l’arrivée en grande pompe de son compatriote Neymar, en 2017. Mais le speaker historique du Parc des Princes n’oubliera sans doute jamais la date du 14 août et la réception de Strasbourg. Une soirée de gala qui a vu le retour des supporteurs, et la présentation des recrues estivales, dont un certain Lionel Messi.

« C’était un truc de fou. Je n’avais plus mes repères. Et d’ailleurs, j’ai la voix qui casse au moment du “Léo” lors de l’annonce de Messi. On n’avait plus l’habitude des retours oreillette et du bruit que le Parc pouvait faire », se remémore l’homme à la voix rauque, alors que la trêve hivernale débutera jeudi 23 décembre, au lendemain de la 19e journée de Ligue 1.

A la reprise du championnat, en août, les speakers ont vécu comme une renaissance ce qui semblait encore relever de l’habituel il y a quelques mois. Annonce des compositions, lancement des spots commerciaux ou introduction des minutes de silence : les animateurs au micro sont garants du spectacle de l’avant-match. Le tout dans un timing millimétré par la Ligue de football professionnelle.Mais l’émergence du Covid-19 en mars 2020 et l’arrêt des compétitions ont longtemps menacé ce rituel devenu cérémonial dans l’univers du ballon rond. Une plongée dans l’inconnu pour des speakers contraints au mutisme.

« J’ai eu peur qu’ils n’aient plus besoin de moi »


« Le foot, c’est trop important, on savait que ça allait reprendre. Au début, on voyait ça [le virus] comme la peste. Il n’y avait pas de vaccins, pas de passe et on se disait qu’on pouvait l’attraper », admet André Fournel, qui officie à Marseille depuis 1986. L’homme de 57 ans concède avoir eu peur pour sa santé, lui qui a attrapé le virus de l’OM dès l’enfance, n’hésitant pas à sécher les cours pour aller à la chasse aux autographes auprès des joueurs de l’époque. Sa double casquette de régisseur lui a permis de conserver une activité régulière au centre d’entraînement lorsque l’épidémie a commencé à sévir.

Michel Montana a vécu la première vague de manière différente, travaillant parallèlement dans le doublage. Les studios d’enregistrement ont connu une baisse d’activité. « On ne savait pas combien de temps ça allait durer. On se dit qu’on va perdre son boulot. Avec le Covid-19, j’ai eu peur que d’un seul coup ils n’aient plus besoin de moi », admet le sexagénaire, qui a vu sa saison s’arrêter sur un lunaire PSG-Dortmund en Ligue des champions.

Au RC Lens, Sylvain Lemoine – dit « Sylvano » – n’a pas connu l’arrêt du championnat. L’ancien chef de file du groupe de supporteurs des Red Tigers est passé « de l’autre côté de la barrière » lors d’un été 2020 placé sous le signe des jauges. Son prestigieux baptême du feu face au PSG (victoire 1-0) s’est déroulé devant seulement 5 000 curieux, avant le retour du huis clos quelques semaines plus tard. « Il y avait de la fierté d’écrire une nouvelle page dans mon histoire avec le club, mais aussi de la frustration. Tu te dis que ça ne va pas trop durer, et derrière revient le huis clos. On aurait dit une malédiction », peste le quadragénaire, qui aura attendu comme ses compères une saison avant de (re)goûter à l’ivresse d’un stade à guichets fermés. Entre-temps, il a fallu composer et faire le lien entre le terrain et les téléspectateurs.

« Un spectacle sans spectateurs n’a pas lieu d’être. Il fallait adapter le ton. Au départ, je la jouais volontairement “moderato”, et puis je me suis ravisé en me disant qu’il y avait des gens derrière leurs télés et qui m’entendaient à travers leur écran. Je faisais comme s’ils étaient là », détaille Michel Montana, lui qui a consacré les plus grands, du champion du monde 2002, Ronaldinho, à Edinson Cavani, meilleur buteur de l’histoire du PSG.

Même son de cloche pour André Fournel, qui ne voulait pas voir son entrain habituel entamé par l’absence de supporteurs, dans « sa maison » du Vélodrome : « Je ne faisais pas le service minimal, ça me permettait de m’en sortir mentalement. J’essayais de travailler pareil et d’assurer le job quoi qu’il arrive », confesse-t-il.

Un retour à la normale temporaire ?


Sylvain Lemoine, postier de profession, a pu enfin vivre le grand frisson du stade Bollaert devant près de 35 000 personnes, lors de la réception de Saint-Etienne le 15 août : « Au moment des compositions, tu regardes la tribune derrière les buts avec un sentiment d’infini. J’avais l’impression qu’il y avait des gens jusqu’à perpète. Tu sens que ton démarrage est attendu. Je n’avais plus de voix pendant quelques secondes, et mes jambes flageolaient. J’ai fini le match seul, assis pendant dix minutes pour m’en remettre », se souvient celui qui fréquente l’arène lensoise depuis l’âge de 6 ans.

Alors que l’Angleterre et l’Allemagne subissent un retour des reports et des huis clos, lié au raz-de-marée du variant Omicron, la France résiste – jusqu’ici – plutôt bien. La Ligue 1 a terminé la première partie de son championnat sans la moindre fermeture de stade imputable au contexte sanitaire. Mais l’aggravation de la situation épidémique fait planer la crainte de tribunes vides à la reprise en janvier.

« Sylvano » concède que le vertige du huis clos lui effleure souvent l’esprit : « Quand je vois les stades en Ligue des champions qui baissent pavillon, ça met un coup de pression. Mais ça permet d’apprécier ce qu’on vit en ce moment. Ça me ferait plus mal maintenant que j’ai le goût des stades pleins. Est-ce qu’on va reprendre en 2022 ? On verra bien. »


Le Monde
 
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