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Notícias Marie-José Pérec : « J’ai mis du temps à trouver mon chemin »

Roter.Teufel

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Marie-José Pérec : « J’ai mis du temps à trouver mon chemin »

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Entretien« Je ne serais pas arrivée là si… » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. La seule Française à avoir été trois fois championne olympique d’athlétisme rend hommage à sa grand-mère, qui lui a appris à « relever la tête ».

Le 7 juin, à Brest (Finistère), Marie-José Pérec montera à bord du maxi-trimaran d’Armel Le Cléac’h pour le Relais des océans. Aux côtés du chef doublement étoilé Hugo Roellinger, du dramaturge Alexis Michalik et de la Miss France 2013 et docteure en médecine Marine Lorphelin, l’athlète emmènera la flamme olympique jusqu’à la Guadeloupe, son île natale. A 56 ans, grâce à ses victoires aux Jeux olympiques de Barcelone (1992) et d’Atlanta (1996), elle reste l’une des sportives qui ont le plus marqué la mémoire collective.
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Je ne serais pas arrivée là si…

… Si Eléonore, ma grand-mère maternelle, n’avait pas semé une petite graine quand j’avais 6 ans. Un jour de 1974, elle nous a appelés, avec mes frères, sœurs et cousins, pour nous faire écouter une émission de radio consacrée au combat de Muhammad Ali contre George Foreman. Ma grand-mère était branchée en permanence sur son poste, mais c’est la seule fois où elle nous a conviés. Quand l’émission s’est terminée, je l’ai vue se mettre à danser, avec une joie immense.

Pourquoi ce souvenir vous a-t-il autant marquée ?

Ma grand-mère aimait les grandes figures. Chaque jour, après avoir travaillé au marché, elle revenait avec le journal France-Antilles et le lisait intégralement. Muhammad Ali représentait beaucoup à ses yeux, quasiment un sauveur. Elle ne connaissait rien à la boxe, mais elle s’intéressait au personnage, à sa manière de s’imposer par le sport, de relever la tête. Elle nous disait toujours : « Tu tombes, tu relèves la tête. »
Passiez-vous beaucoup de temps auprès de votre grand-mère ?

A Basse-Terre, notre petite maison et la sienne étaient côte à côte. Nous étions tous les jours chez elle. A cette époque, à la Guadeloupe, les gens vivaient en famille élargie. Ma grand-mère était une forte personnalité, très populaire. Comme elle était commerçante, tout le monde la connaissait en ville. Elle avait élevé seule ses deux enfants – mon grand-père est mort quand ma mère avait 3 ans. Avec mon oncle, pilier de notre famille, ils formaient un trio très soudé. Ma grand-mère était à la fois sévère et gentille ; avec elle, on devait marcher droit, bien se comporter.
A Basse-Terre, quelle enfant étiez-vous et quels étaient vos rêves ?

Je voulais partir de la Guadeloupe, voyager, aller jusqu’en Australie, ce pays tellement loin de ma petite île où je me sentais coincée. Je n’arrivais pas à me projeter dans un métier. « Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? » était la phrase que j’entendais sans cesse dans ma famille. Je n’aimais pas l’école. En classe, je passais mon temps à regarder par la fenêtre, je rêvais d’être ailleurs, dans la nature. A 12 ans, je mesurais déjà 1,75 mètre, et c’était très handicapant. Mon corps avait grandi tellement vite que je n’avais pas le mode d’emploi. Je disais tout le temps à ma mère : « Tu m’as mal faite. » Toute mon adolescence, j’ai détesté être si grande, avoir de si longs bras et de si longues jambes.

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