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Soudan : ce que l’on sait sur le coup d’Etat en cours

Roter.Teufel

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Soudan : ce que l’on sait sur le coup d’Etat en cours

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Le coup de force des militaires met en suspens la transition amorcée après trente années de dictature dans ce pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres au monde.

Lundi 25 octobre, après des semaines de tensions entre militaires et civils qui se partagent le pouvoir au Soudan depuis la destitution de l’autocrate Omar Al-Bachir en 2019, le général Abdel Fattah Al-Bourhane qui était à la tête du Conseil de souveraineté, l’autorité de transition soudanaise, a annoncé que l’armée avait arrêté la quasi-totalité des dirigeants civils.

La transition amorcée après trente années de dictature semble plus que jamais compromise dans ce pays d’Afrique de l’Est, confronté à une grave crise économique – le pays est classé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) 170e sur 189 pour son indice de développement humain. La sécession du Sud a plombé l’économie soudanaise et le pays a également pâti de vingt ans d’embargo américain en raison de violations des droits humains et de liens avec le « terrorisme », jusqu’en 2017, et de son inscription sur la liste noire américaine des pays soutenant le « terrorisme », jusqu’en décembre 2020, freinant les investisseurs étrangers.

Arrestations des ministres, dissolution des institutions

Depuis ce lundi matin, le « coup d’Etat » dénoncé à l’international s’est déroulé en plusieurs étapes. Le général Abdel Fattah Al-Bourhane a dissous les autorités de transition dont la quasi-totalité des membres civils sont déjà aux mains de l’armée. « La plupart des ministres et les membres civils du Conseil de souveraineté ont été arrêtés (…) par des forces militaires » avant l’aube, a annoncé, dans la matinée, le ministère de l’information soudanais, l’une des rares structures gouvernementales manifestement restée sous le contrôle du gouvernement de transition.

Abdallah Hamdok, le premier ministre, nombre de ses ministres et tous les membres civils du Conseil de souveraineté – plus haute autorité de la transition – ont été arrêtés par des militaires. M. Hamdok a été emmené avec son épouse vers un lieu inconnu après avoir refusé de soutenir le « coup d’Etat » en cours. Ses services ont assuré dans un texte publié en milieu de journée « faire porter l’entière responsabilité de la vie d’Abdallah Hamdok à l’armée » et ont appelé à « manifester » contre le « coup d’Etat » pour « protéger la révolution » de 2019 qui a renversé Al-Bachir.

Plusieurs heures après ces arrestations, le général Al-Bourhane est apparu à la télévision d’Etat, promettant la formation d’un nouveau gouvernement pour « corriger le cours de la transition ». Le gouvernement est dissout, de même que le Conseil de souveraineté, a-t-il dit, les préfets et ministres sont limogés, et l’état d’urgence est déclaré dans tout le pays, a-t-il ajouté. Il a promis des élections pour juillet 2023. Pour les partisans d’un pouvoir civil, il est celui qui veut refaire du Soudan le pré carré de l’armée, et pour ceux qui veulent un « gouvernement militaire », il est l’homme providentiel.

Après avoir joué un rôle-clé mais très discret comme commandant de l’armée de terre avant qu’Omar Al-Bachir ne le nomme inspecteur général de l’armée, le général Al-Bourhane est sorti de l’ombre le 12 avril 2019 en prenant les commandes du Conseil militaire de transition, au lendemain de la chute du dictateur.

Les raisons du coup d’Etat

Depuis 2019 la chute d’Al-Bachir, le pouvoir était partagé entre le gouvernement civil dirigé par M. Hamdok et le Conseil de souveraineté chargé de mener la transition, mais le coup de force intervient dans un contexte de tensions exacerbées entre civils et militaires.

La direction du Conseil de souveraineté devait être transmise à une personnalité civile dans les prochains mois et les militaires avaient jusqu’ici affirmé leur volonté de respecter le processus de transition. Mais la date exacte de cette passation de pouvoir n’était cependant pas encore connue précisément. De plus les autorités de transition peinaient à s’entendre sur la remise ou non de Béchir à la Cour pénale internationale (CPI).

Le 16 octobre, des partisans de l’armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition. En réponse, le 21 octobre, les partisans du pouvoir civil sont descendus par dizaines de milliers dans les rues du pays pour « sauver » leur « révolution ». Il y a deux jours, le camp pro civil avait mis en garde contre un « coup d’Etat rampant », lors d’une conférence de presse qu’une petite foule avait cherché à empêcher.

Avant même que le général Al-Bourhane ne s’exprime, des milliers de Soudanais sont descendus dans les rues conspuant l’armée. Devant le QG de l’armée dans le centre de Khartoum, bouclé par soldats et blocs de béton depuis des jours, 12 manifestants ont été blessés par des tirs des forces armées, ont assuré un syndicat de médecin et le ministère de l’Information.

L’armée, appuyée par les paramilitaires des Forces de soutien rapide, s’est déployée dans les rues de Khartoum pour y restreindre les déplacements. La chaîne de télévision Al-Arabiya, basée à Dubaï, a signalé la fermeture de l’aéroport de Khartoum et la suspension des vols internationaux.

C’est un « coup d’Etat militaire », a rapidement affirmé l’Association des professionnels soudanais, l’un des fers de lance de la révolte de 2019. Avec le syndicat des médecins et des banques, l’Association des professionnels a aussi appelé à la désobéissance civile à Khartoum plongée dans le chaos, sans internet et avec des rues noires de monde se demandant à quel nouveau rebondissement s’attendre dans un pays déjà secoué par un coup d’Etat manqué il y a un mois.

Condamnations internationales

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné « le coup d’Etat militaire en cours » au Soudan et réclamé la libération « immédiate » du premier ministre Abdallah Hamdok. « Il faut assurer le plein respect de la charte constitutionnelle pour protéger la transition politique obtenue de haute lutte », a-t-il affirmé sur Twitter.

L’émissaire de l’ONU au Soudan Volker Perthes s’est dit « très inquiet des informations sur un coup d’Etat », ajoutant : « j’appelle les forces armées à relâcher immédiatement les personnes retenues », des arrestations « inacceptables ».

La Ligue arabe a exhorté au dialogue, faisant part de sa « profonde préoccupation » et appelant « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 après le renversement d’Omar Al-Bachir, dans un communiqué citant son secrétaire général Ahmed Aboul Gheit. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki appelle à « la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires », selon un communiqué de l’organisation panafricaine.

Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets », prévenant que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ». L’émissaire des Etats-Unis pour la Corne de l’Afrique Jeffrey Feltman qui a rencontré dimanche le premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, aujourd’hui en détention a écrit sur Twitter que les annonces d’une prise de pouvoir par les militaires vont « à l’encontre de la déclaration constitutionnelle (qui régit la transition dans le pays) et des aspirations démocratiques du peuple soudanais ».

La Commission européenne a de son côté appelé à la « libération rapide » des dirigeants civils du gouvernement du Soudan et à « ce que les moyens de communications ne soient pas entravés pour permettre de joindre ceux qui en ont besoin ». Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui appelé la communauté internationale « à remettre la transition soudanaise sur les rails ».

La France a condamné « avec la plus grande fermeté » la tentative de coup d’Etat. « J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du premier ministre et des dirigeants civils », a tweeté le président Emmanuel Macron.

Jugeant « atterrantes » les informations venant de Khartoum, l’Allemagne a « clairement condamné » la tentative de coup d’Etat qui « doit cesser immédiatement » pour permettre la poursuite d’une « transition politique pacifique vers la démocratie », selon un communiqué du ministre des affaires étrangères Heiko Maas, appelant au « dialogue » entre responsables politiques.


Le Monde
 
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